Arteterapia (Art-Therapy)
L’ART-THÉRAPIE : ACTUALITÉS D’UN CONCEPT ET D’UNE PRATIQUE
Jean-Luc SUDRES*
I – PETIT PRÉAMBULE…
Forgé aux Etats-Unis dans les années trente par Margaret Naumburg, le concept d’art-thérapie n’apparaît, en France, qu’à l’aube des années soixante. Tantôt assimilée aux courants des Nouvelles Thérapies, tantôt récusée par les tenants de la Psychopathologie de l’Expression ou des orthodoxies de bois, elle ne trouve fortune dans l’hexagone qu’au cours des trois dernières décennies. Contemporainement à son émergence, une dialectique passionnante et passionnelle s’engage tant au niveau du concept que de ses étayages. Etait-il loisible de nous satisfaire du pragmatique “it’s works” (ça marche) anglo-saxon ?
Les polémiques d’hier, à défaut d’emprunter quelques zones de luminosité, prennent l’expédient d’une multiplication d’expressions substitutives (“psychanalyse avec l’art”, “psychanalyse par l’art”, “psychothérapie médiatisée plastique”, “art-thérapie créative”, etc. …) délimitant davantage des territoires que des processus et/ou des pratiques. Divers placages théorico-cliniques associés à un exotisme artistique donnent, paradoxalement à certains de leurs promoteurs, l’auréole d’un savoir de prestige !
Très tôt, l’art-thérapie succombe aux charmes de la psychose des sujets adultes avec, quelquefois, un net tropisme psychanalytique réducteur. De là naissent quelques avancées au niveau de l’intelligibilité des processus, des dispositifs cliniques et des modalités d’évaluation. De son côté, l’enfant, sans concéder la moindre bribe au terrain de l’art-thérapie, continue de cheminer dans l’antre du dessin placé sous l’égide de l’exploration développementale et psychothérapique. Quant à l’art-thérapie de l’adolescent, comme pour la créativité, elle ne fait l’objet que d’un intérêt éphémère durant la période post soixante-huitarde.
II – L’HISTOIRE : UN RÉVÉLATEUR DE LA SITUATION ACTUELLE
1) Art et psychiatrie : Une rencontre fortuite ou prémédité ?
Depuis la nuit des temps, l’homme inscrit, trace, dessine, … La préhistoire en apporte un vibrant témoignage avec ses mains, ses animaux, ses scènes de chasse éclairant à tout jamais les cavernes de nos ancêtres et leurs tombes. Fonction de communication, de conjuration, de transcendance de l’invisible… ou encore tout simplement découverte et essai d’objet scripteur avec lequel cet homme des premiers instants joue la partition d’un parcours créatif élémentaire. Etre d’exception, l’humain est à lui seul art et porteur d’art !
Très tôt, les sociétés primitives attribuent à l’art des propriétés curatives d’autant plus prisées que les maladies étaient appréhendées comme des atteintes aux lois cosmiques. Cette dimension se retrouve toujours dans les sociétés traditionnelles où l’art du masque, l’art des objets et l’art du guérissage s’intègrent à des rites universels. L’Antiquité amène à différencier l’art pragmatique de l’art du beau. Artisans et artistes évoluent ainsi sur des chemins contigus malgré les aléas de l’histoire. Cependant, c’est dans les textes de cette période que se repère clairement les premiers constats des philosophes et des médecins sur les vertus de l’art, des mots (la rhétorique), de la poésie, de la musique… Bien que limité à des effets cathartiques, sédatifs et stimulants reposant sur des attitudes souvent contemplatives, l’art apparaît bien, comme l’avance Marc Muret (1983) en sous titre de son ouvrage sur les arts-thérapies, “le plus vieux médicament du monde et pour certains le meilleur…”
Le Moyen Age plonge les artistes dans des affres dont ils sortent appauvris d’un point de vue technique, ne sachant plus représenter le corps humain que cela soit en formes, proportions ou attitudes. Quant au “fou”, il porte avec son essence divine l’énigmatique ambivalence “curiosité – crainte” sans pour autant jouir d’une considération particulière même si certains d’entre eux écrivent des ouvrages lus par un public cultivé.
L’expérience de folie et ses éventuelles productions créatives bénéficient jusqu’à la moitié du XVIIème siècle d’une large sollicitude en face d’un fléau touchant à son terme : la lèpre ! Michel Foucault dans son “Histoire de la Folie à l’Age Classique” (1972) nous conte cette rencontre d’espaces de soins vides (ou du moins mal occupée par la syphilis) et l’industrialisation naissante reléguant les oisifs au statut de proscrits. Cette mutation socioculturelle profonde conduit les marginaux en tous genres (mendiants, criminels, infirmes, fous, prostituées, vagabonds, etc. ..) et de tous âges à séjourner dans les lieux d’exclusion devenant les Hôpitaux Généraux. Un peuple de silencieux naît en ces lieux sans vocation médicale particulière, si ce n’est celle d’extraire de la société tous ceux qui ne participent pas activement au système économique. Politiques, médecins et bienfaiteurs y instaurent les us et coutumes de la société bourgeoise. Les fous rencontrent, avec le travail forcé, le surpeuplement et le contrôle moral, des chaînes plus répressives que celles des geôles de la justice. Corrélativement à ces aspects coercitifs évolue un élémentaire arsenal thérapeutique (douches, bains, isolements, …) appliqué par un personnel incompétent. L’Europe de la fin du XVIIIème se couvre de ces établissements. L’internement se lie encore davantage à la structuration d’un nouvel espace socio-politico-économique. Puis, le “grand internement” isole les délinquants des fous. Ceux-ci libérés de leurs chaînes se retrouvent à l’abri de grands murs ; l’asile est né ! La folie y devient l’objet d’une nouvelle observation.
Le XIXème siècle, cet âge d’or de l’aliénisme, entrouvre les yeux sur les expressions créatrices des fous. Ainsi, à l’initiative de son célèbre pensionnaire, le Marquis de Sade, l’asile de Charenton a recours dès 1800 au théâtre. Celui de la Salpétrière organise “le bal des folles et des hystériques” et de nombreux autres établissements produisent des concerts en y associant quelquefois des musiciens “normaux”… Les formes collectives de création, plus ou moins montrables aux gens ordinaires, occupent le devant de la scène asilaire. Les productions plastiques en apparence moins spectaculaires et plus individuelles n’attirent l’attention que dans les années vingt. Pourtant, au cours de ce siècle-là, quelques aliénistes (Benjamin Rush, Cesare Lombroso, Auguste Marie, …) débutent des collections. Des expositions d’œuvres d’aliénés apparaissent notamment à Londres et Milan. Des internés de l’Asile de Charenton éditent une feuille richement ornée “Les Glaneurs de Madapolis”… Mais c’est surtout grâce à Ambroise Tardieu avec son “Etude Médico-légale de la folie” (1872), illustrée par un dessin d’aliéné dont il souligne le caractère extraordinaire et étrange, qu’une bascule s’initie. Dès cet instant, ces œuvres de solitude suscitent un regard classificateur avec une tentative, jadis inaugurée par Max Simon, de dégager une correspondance entre un type de production plastique et une pathologie mentale. Depuis, ce type de rapprochement diagnostique n’a de cesse de réapparaître dans la littérature d’hier et d’aujourd’hui malgré l’administration de preuves annulant toute corrélation.
2 – Les rapports Art et Folie : Une provocation sans fin …
Conjointement à l’intérêt porté aux productions des internés, l’art officiel subit les assauts interrogatifs d’un Paul Gaugin, d’un James Ensor, d’un Vassili Kandinsky ou encore d’un Paul Klee… Certains n’hésitent pas d’ailleurs à identifier chez ces artistes contemporains des signes de folie. D’autres comme Carlo Cara et Umberto Bacchioni intègrent, pour la première fois en 1911 à Milan, des œuvres de fous dans une exposition d’œuvres futuristes. Les Dadaïstes renouvellent l’expérience quelques années plus tard à Cologne.
Bravant le secret médical et les murs de l’asile, le suisse Walter Morgenthaler dévoile en 1921 dans une remarquable monographie, la vie et l’œuvre d’un aliéné : Adolf Wölfli (schizophrène paranoïde). Il ne manque pas d’insister sur le chaos de ces compositions et leurs vertus thérapeutiques. Un an plus tard, Hans Prinzhorn psychiatre, artiste, musicien, chanteur et philosophe germanique publie “Expressions de la folie”[1].
En ce début de siècle, Sigmund Freud connaît déjà une certaine notoriété avec son Moïse de Michel Ange. Carl Gustav Jung découvre, dans une période de doute existentiel à la suite de sa rupture avec S. Freud en 1912, la puissance des mandalas et de la pratique artistique. Fort de ses découvertes empiriques, il incite ses patients à dessiner et à peindre leurs rêves préfigurant en quelque sorte un des courants de l’art-thérapie contemporaine[2].
Le Surréalisme naissant trouve dans la psychanalyse les bases de “l’automatisme psychique pur” dont André Breton développe formes et applications au fur et à mesure des Manifestes du Surréalisme (1921, 1930, 1942). Dès 1925, le Surréalisme s’instaure en tant que juge et critique de la société contemporaine fustigeant (entre autres) les médecins chefs des asiles et les pratiques asilaires dans sa revue “La Révolution Surréaliste”. Dans les interstices de ces accusations tout aussi provocantes que passionnées, les surréalistes introduisent la psychanalyse. Peu à peu, on ne cherche plus ce “qu’il pouvait y avoir de fou dans le génie”, comme Césaré Lombroso l’inculqua jadis, mais ce “qu’il peut y avoir de génial dans la folie”. Un tel renversement de propositions en l’espace de quelques décennies remet singulièrement en cause l’appréhension déficitaire de la folie. Fou parce qu’artiste ou artiste parce que fou ?
L’Art Psychopathologique prend place dans les expositions mais reçoit surtout une considération concrète des aliénistes. Ils fournissent matériau et outil de qualité à leurs internés[3]. En même temps, le travail industriel et l’artisanat se développent considérablement à partir de 1930 ; l’ergothérapie naissante préfigure les futurs ateliers d’art-thérapie…
3) De la fin de la 2ème Guerre Mondiale aux années soixante
L’hécatombe provoquée par la Seconde Guerre Mondiale au sein de la population asilaire et l’horreur des univers concentrationnaires dont témoignent nombre de dessins de jeunes contribuent à humaniser tous les lieux de soins, à former le personnel et à étendre les prises en charge soignantes. La psychiatrie infanto-juvénile naissante, l’apparition de la psychologie différentielle, le déploiement des établissements spécialisés pour enfants et adolescents en difficulté, la découverte des neuroleptiques et des antidépresseurs, l’introduction de l’orientation scolaire, … amènent un profond changement dans cette période de reconstruction et d’initiatives pragmatiques. La jeunesse constitue la ressource à laquelle il faut faire appel ; le règne de l’enfance touche brutalement son terme au sein de ce virage socioculturel.
Jean Dubuffet constitue sa collection d’œuvres acculturelles, c’est à dire ne répondant à aucun des critères techniques et esthétiques habituels ; bref de “l’Art Brut”. Regroupant une multitude de conditions de créations, de moyens techniques et de sujets marginaux (fous, retraités, prisonniers, médiums,…), J. Dubuffet jette à nouveau le trouble sur les rapports art/folie.
L’année 1950 est marquée par la première Exposition Internationale d’Art Psychopathologique dominée par les œuvres de schizophrènes adultes (Volmat, 1955). Enfants et adolescents n’obtiennent aucune place en cette manifestation, véritable clef de voûte de la future art-thérapie. Pourtant dès la fin de la guerre 39-45, des expositions d’œuvres réalisées par des jeunes (notamment délinquants) présentées à Villejuif, Sainte-Anne (Paris), Savigny et Marseille ne reçoivent aucune attention particulière. Peu à peu la folie change de visage, sa perception et son expression plastique aussi…
Entre 1950 et 1959 le passage de l’Art Psychopathologique (alias Art des Fous) au vocable “Psychopathologie de l’Expression” s’officialise avec la création de la Société Internationale de Psychopathologie de l’Expression (S.I.P.E.) courant 1959, puis de la Société Française de Psychopathologie de l’Expression (S.F.P.E.) en 1964. Dans cette aventure, Claude Wiart apparaît tel un artisan infatigable propulsant les arts-thérapies sur le terrain de la clinique, de la formation et de la recherche. Ses vues avant gardistes et celles de son équipe du Centre Hospitalier Sainte Anne (Paris) ne trouveront d’échos que bien des années plus tard.
Parallèlement aux U.S.A., l’art-thérapie, avait déjà fait l’objet de quelques ouvrages consacrés à l’adolescent (Naumburg, 1947), à l’adulte (Naumburg, 1950) et à l’enfant (Kramer, 1958) fomentant une controverse territoriale avec les tenants de l’éducation artistique à visée thérapeutique. Dans ce débat, Viktor Lowenfeld se pose en ardent défenseur d’une non séparation de l’éducation artistique et de la thérapie. Au fil du temps, il apporte des nuances à ses positions initiales, notamment en précisant que l’éducateur en art fournit un complément aux interprétations et diagnostics de l’art-thérapeute … Avec la vision holistique qui la caractérise, Edith Kramer (1971, 1986) propose une intégration sereine d’apprentissages artistiques, pédagogiques et thérapeutiques dans la formation des arts-thérapeutes. Elle ne manque pas non plus de souligner, avec force, la place prépondérante du processus par rapport à l’objet créé même si tous deux doivent être considérés dans la dynamique art-thérapique. Ce débat, en soit peu banal, ne se réglera que dans les années quatre vingt par une assimilation partielle du courant des éducateurs en arts à celui des arts thérapeutes avec un terrain privilégié pour ces premiers : “l’éducation spéciale”. Tandis que pour les seconds, un champ à la fois plus focalisé et plus large se justifie, “l’éducation spéciale, le handicap et la psychopathologie”…placés sous l’égide de la thérapie. Mais d’autres dialectiques s’ouvrent :
– d’une part sur la pertinence des approches jungiennes, gestaltistes, humanistes, phénoménologiques… avec les inconditionnels d’une art-thérapie intégrée à un processus thérapeutique global et les partisans la concevant comme une thérapie autonome à part entière,
– d’autre part sur l’utilisation des techniques d’évaluation où s’affrontent les tenants d’outils psychométriques plus ou moins classiques appliqués à l’art-thérapie et ceux revendiquant l’usage d’instruments développés pour les arts-thérapeutes par les arts-thérapeutes.
Dans ces agitations, l’Association Américaine des Art-thérapeutes, forte de quelque quatre mille membres s’essaie à définir des critères standards de reconnaissance d’une art-thérapie de qualité et à affirmer l’identité professionnelle des arts-thérapeutes. Depuis sa fondation en 1969, elle mène cette mission avec une opiniâtreté farouche.
En Angleterre l’art thérapie apparaît à la fin des années trente sur l’étayage des travaux de la psychologue américaine Margaret Naumburg, du dessin d’enfant et de la psychologie développementale. Elle se déploie alors de manière informelle dans les lieux de soins et les services sociaux pour aboutir en 1964 à la création de la British Association of Art Therapists (B.A.A.T.) dont, l’objectif vise, d’emblée, l’édification des critères de formation et de défense de la profession[4]. Ailleurs, notamment:
– en Suisse, le mouvement art-thérapique amorcé dans les années quarante ne renaît de ses cendres qu’à l’aube de la décennie 1980.
– en Allemagne, l’art-thérapie, décapitée par la montée du nazisme, retrouve son dynamisme dans une véritable “psycho-boum” au décours de la période 1975-1980,
– en Italie, l’édification, courant 1982, d’une association nationale d’art-thérapie avec des standards de formation anglo-saxons bouscule les pratiques cantonnées depuis les années trente aux handicapés physiques et mentaux.
4) Seventies et eighties : La préfiguration de la modernité art-thérapique ?
Si l’imagination ne prend pas le pouvoir comme le clamaient les slogans du Mai 68 Français, un souffle créatif s’ébauche. L’enseignement et les psychothérapies institutionnelles l’amplifient. Le réseau associatif et culturel permet d’installer les sujets de la psychiatrie dans la cité en leur conférant une place de citoyen acteur et créateur de sens, de socialité, d’innovation … Les formations se multiplient avec un éventail de contenus déroutants … L’art-thérapie, tout comme la créativité, s’infiltre donc partout…
A l’aube des années quatre vingt, tout bascule ; la sociologie, la psychologie et la psychiatrie semblent (re)découvrir les jeunes, ou plus exactement ces derniers interpellent les premiers dans une société de consommation en questionnement. Etudes et enquêtes sur leurs états de santé, leurs maux, leurs loisirs, leurs devenirs… prolifèrent dans une connotation sociologique et politico-économique marquée. La culture s’adresse durant cette décennie à des adolescents en quête de référents en essayant de favoriser leurs expressivités créatives. Ainsi, elle leur donne des outils et des moyens via le canal de l’école, des communes, des départements et des régions dont des manifestations comme “la fête de la musique” constitue une élémentaire exemplification.
5) Les années quatre-vingt-dix : Ouverture sur le troisième millénaire
Les années quatre-vingt-dix se caractérisent par :
– une inflation de l’usage du mot “art – thérapie” et de ses dérivés,
– une multiplication de pratiques qui n’ont plus rien à voir avec la valence thérapeutique de l’art-thérapie comme en témoigne par exemple son développement dans le champ de la prévention primaire en matière de santé,
– un engouement de nombre de professionnels issus de champs aussi divers que l’art, la philosophie, le secteur socio-éducatif et para médical, etc,
– une offre de formations qualifiantes et diplomantes en plein essor,
– une ouverture vers des courants théoriques tels que l’art – thérapie transpersonnelle, l’art – thérapie systémique, l’art – thérapie intégrative.
– un éventail de revues nationales et internationales (Art et Thérapie, International Journal of Art therapy, Arti terapie, Arts et Psyché, Art therapy, The arts in Psychotherapy, American Journal of Art therapy, etc) dont l’étendu tout comme la qualité scientifique questionne.
– une pâle existence de sites Internet dont le contenu se révèle pauvre.
Bref le troisième millénaire conduit à poser la gageure de la spécificité de l’art – thérapie et de sa professionnalisation à un haut niveau.
II – L’ART–THÉRAPIE: UNE DÉFINITION PROBLÉMATIQUE
1) Quelques constats
L’art-thérapie souffre depuis les années cinquante d’une double pathologie subaiguë qui ne cesse de s’amplifier ! Victime de son succès, elle est devenue une sorte de mot valise contenant un ensemble de clefs aux serrures polysémiques en permanente mouvance.
La prolifération des pratiques et des formations art-thérapiques ont conduit à des malentendus au sein desquels chacun poursuit une optique érigée en vérité universaliste … A cet égard, un examen attentif de la littérature et des pratiques les plus courantes se révèle pour le moins édifiant :
– quelques praticiens incorporent directement le concept art-thérapie sans se soucier de lui conférer un contenu élaboré comme si le mot relevait de la magie tant parfois l’adéquation de celui-ci au fonctionnement clinique personnel tient de la perlaboration,
– d’autres donnent à l’art-thérapie une définition entièrement personnelle qu’ils articulent à leur pratique devenant ipso facto le contenu mais aussi les indications de référence,
– certains au gré d’opportunités théorico-cliniques réalisent une confusion maximale en amalgamant toutes les pratiques autres que la psychothérapie verbale à de l’art-thérapie,
– d’autres encore, en Europe comme ailleurs, s’emploient à des délimitations de territoire où des disciplines souveraines (art, psychiatrie, pédagogie, …) s’essaient à des phagocytoses indigestes, plus ou moins teintées d’un état oscillant de la mégalomanie à la pulsion d’emprise,
– enfin quelques-uns débattent de l’art-thérapie avec des nuances et des prises de distance se traduisant par une inflation conceptuelle (thérapies créatives, psychothérapies médiatisées, expressions thérapeutiques, thérapies par l’art, thérapies expressives, …). Explicites en une situation ponctuelle in situ, ces “remplaçants conceptuels” s’emplissent rapidement d’anachronismes compte tenu que nous ne cessons, pour se bien entendre, d’en revenir au concept fédérateur d’art thérapie.
2) Dans le trait d’union de l’art-thérapie : Inflation de propositions conceptuelles
Depuis les années soixante, période où le concept art-thérapie infiltre le champ de la psychopathologie de l’expression, nous ne cessons de palabrer (surtout en France) autour et sur ce concept anglo-saxon importé sans lifting préalable dans la vieille culture européenne[5]. La greffe a-t-elle prise ?
Claude Wiart et ses collègues de la Société Française de Psychopathologie de l’Expression mettent à plusieurs reprises l’art-thérapie sur la sellette. D’autres, tel Jean-Pierre Klein (1988) introduisent entre les deux pôles du concept la conjonction de coordination “et” posant en clair la question essentielle de savoir ce qu’il en est de l’art dans la thérapie et de la thérapie dans l’art ? Est-il possible de réduire, de superposer, de faire cohabiter, … l’un avec l’autre ?
Si l’art même dans sa définition la plus élémentaire génère des ambiguïtés, la thérapie, elle, s’inscrit clairement dans le soin. Soit dans l’objectif princeps d’amener l’autre à un processus de changement puis de le conduire à faire face aux diverses situations existentielles et enfin à percevoir que la vie vaut la peine d’être vécue.
Agitateur et catalyseur des pensées, l’art-thérapie a considérablement enrichi la classique “psychopathologie de l’expression” qui, tel le phénix renaît de ses cendres, dans les tumultes conceptuels. En effet, en réaction à ce concept anglophone, jugé inadéquat par nos compatriotes, jaillissent pléthore de substituts dont la forme et le contenu prouvent qu’il ne s’agit pas d’une simple querelle de mots (maux) mais d’enjeux de pouvoirs et de pratiques. Pour mieux éclairer notre lanterne, arrêtons-nous sur quelques unes des formulations les plus preignantes :
a) “Les psychothérapies de créativité” hantèrent les années soixante-dix pour désigner toutes les modalités d’expressions plastiques, corporelles, littéraires et autres usant de la créativité dans un cadre psychothérapique (Benoit, 1973 ; Stévenin, 1978).
Le manque de spécificité de cette tentative n’altère en rien l’accent mis sur la créativité dont l’acception se révèle tout aussi floue. Outre Manche, Bernie Warren (1984) se rapprochera de cette position française historique en avançant la proposition de “thérapies créatives” entendue dans le sens d’une réintégration du processus artistique produisant un gain chez tout sujet très tôt aliéné dans ses désirs et droits créatifs. De proche en proche, ces propositions laissent place à une gestation d’indications et d’effets thérapeutiques.
b) “La psychothérapie par les expressions plastiques” a été largement promue par Claude Wiart (1983, 1985) soulignant que ces pratiques, qui ne sont pas immédiatement langage, jouent la partition thérapeutique sur la multiplication des signifiés sous des signifiants sans définitions exactes. L’intérêt se porte ici sur le vécu du processus.
Béatrice Chemama et Françoise Fritschy (1979) préféreront le vocable de “psychothérapie avec expression plastique” afin de poser le fait d’un surgissement verbal à partir du support artistique sous tendant la situation clinique, voire analytique. L’accent se déploie vers le jeu relationnel. La rencontre du sujet avec sa réalité psychique et le réel est ouverte ; l’identisation peut entamer sa fugue dans l’émergence d’une production-création.
Ce passage du “par” à “l’avec” nous enseigne que d’un côté se localise “les pratiques à effets thérapeutiques” plus ou moins sollicitées et de l’autre “les pratiques psychothérapiques” clairement affirmées où la situation médiatisée ne devient qu’un pré-texte d’un texte à édifier. L’une serait-elle plus noble que l’autre ? Le terrain clinique répond en dévoilant que le “par” et “l’avec” s’intriquent dans un processus thérapeutique toujours complexe.
c) “La thérapie par l’art” a été proposée par Marc Muret (1983) pour refléter la pluralité des médiations et approches artistiques. Elle prête le flanc, tout comme “la psychothérapie par les expressions plastiques” à une conception basale d’un art en soit et par soit thérapeutique et/ou d’une expression pour l’expression. Notons que l’expérience du plaisir, nécessaire à tout processus de soin, est ici bien présente.
d) “La psychothérapie médiatisée” est certainement l’expression phare des années 80 et de celles à venir par le seul fait d’avoir mis l’accent sur le point clef de la médiatisation thérapeutique de l’objet. Certes, les dérives et les abus de l’engouement médiatisé n’ont pas manqué de gauchir cette expression assez proche de celle de “psychothérapie avec expression plastique”.
Façonnée à l’origine par François Granier et son équipe toulousaine sur l’étayage d’adultes psychotiques hospitalisés, cette conceptualisation désigne la pratique d’une activité artistique ou culturelle au titre de médiations en situations d’ateliers psychothérapiques. Autrement dit, l’objectif princeps tient en un travail psychothérapique basé sur le transfert contre-transfert au sein duquel la médiation n’est qu’un moyen pour épauler le déploiement d’indications dans les psychothérapies (Granier, Girard, Jacomini et Escande, 1987)
e) “L’art-thérapie expressive” et “L’art-thérapie créative” sont les dernières nées de cette inflation conceptuelle. Elaborées dans le champ de la pédopsychiatrie et de la formation par Jean-Pierre Klein, elles devraient parfaitement s’adapter à nos préoccupations. Qu’en est-il ?
En clair “l’art-thérapie expressive” consiste à partir d’un travail d’expression médiatisée (poésie, peinture, collage, terre, etc. …) à analyser et interroger dans le jeu verbo-transférentiel ce qui est ainsi produit. Quant à “l’art-thérapie créative”, si elle sollicite aussi la dimension expressive du sujet, le traitement s’en avère très différent. En effet, point n’est question d’un décryptage stricto sensu du donné à voir et à entendre mais plutôt d’un accompagnement souple sur et dans les productions avec un recours aux forces de constructions positives de la psyché en évitant de percuter, dans une stratégie dit de “détour” ou de “l’ellipse”, les tabous, les symptômes, les défenses et résistances du sujet. Le mal être, la douleur, l’errance, … se métabolisent dans une claire pénombre en une figuration artistique qui pour le coup fait irruption en thérapie… Au fil des productions, des mises en formes imaginaires surgissent, des perlaborations se dévoilent, dans une reconnaissance-renaissance pulsant les “je” identitaires et l’objectivation de la réalité externe. Ce processus transformationnel peut aboutir à la réalisation d’un objet artistique détachable (Klein, 1993).
Mettre le sujet en position d’acteur ; l’accompagner synchroniquement et diachroniquement dans ses élaborations, ses passages à l’acte, ses tourments, contourner ses résistances au changement, ménager ses dictions de symptômes, respecter ses défenses par le jeu et l’enjeu de médiatisations ; est-ce là “une révélation” ? Les systémiciens l’ont par exemple démontré et couché sur le papier depuis fort longtemps. Pour quelques uns, le mérite de cette conceptualisation d’arlequin réside dans le seul fait de s’essayer à mettre en mots ramassés et poétisés le banal d’une clinique faussement identifiée comme acquise. Elle offre toutefois une méthodologie clinique pour poser la thérapie dans une dynamique adaptée.
3) Hors les mailles de la psychiatrie …
Lorsqu’un praticien use de psychothérapie verbale avec un sujet, il est admis, (sans trop de restriction) que celle-ci puisse se déployer en tout lieu de soins avec n’importe quel type de malade. Autrement dit, que le psychothérapeute exerce son art en cardiologie, diabétologie ou bien encore en maladies infectieuses ne soulève guère d’étonnement. Le soin verbal jouit, semble-t-il d’un véritable œcuménisme ! Par contre, l’art-thérapie en tant que procédure médiatisée ne bénéficie pas des mêmes extensions du fait :
– d’une surdétermination psychiatrique et psychopathologique,
– d’une mobilisation du potentiel créatif et du corps, perçus avec méfiance par les entourages soignants.
Les quelques applications hors des champs classiques traduisent clairement que l’art-thérapie n’est pas et ne peut être systématiquement conçue dans l’unique analogon de la psychothérapie analytique. Plus résolument, il convient donc de placer en exergue “la thérapie” étayable sur des théorisations et des pratiques pluriaxiales.
4) Art-thérapie structurée, associative ou interactionnelle ?
Dans ce paysage “boxologique” se noue la nécessité d’adopter un repérage triaxial afin de se dégager des réductionnismes et de favoriser la communication entre soignants. Nanti des éléments discriminants formalisés par Richard Meyer (1994), à propos des somatothérapies, il devient opportun de distinguer sur la base d’un usage de médiations diversifiées :
a) “Une art-thérapie structurée” reposant essentiellement sur une orientation éducative-rééducative, cognitivo-comportementale, psychomotrice, gestaltiste, etc. … La durée de la prise en charge est dans ce cas relativement courte et programmable. La relation thérapeutique de type semi-directive s’adresse à la symptomatologie et/ou aux difficultés manifestes de manière frontale et active,
b) “Une art-thérapie associative” qui en appelle à une orientation psychanalytique qu’elle soit freudienne, jungienne, lacanienne, etc. … Si la durée dans cette modalité s’avère longue et non-programmable, elle est en tout cas moins étendue que pour une psychothérapie verbale, voire une analyse didactique. La relation thérapeutique de nature non directive, sans exclure des interventions ponctuelles du praticien, recherche l’édification d’un transfert-contre-transfert conduisant, par delà la symptomatologie à s’intéresser à la structuration du sujet. Dans cette prise en compte du latent, les défenses seront respectées et l’imprévu salué,
c) “Une art-thérapie structuro-associative ou interactionnelle” amalgamant dans un complexe à chaque fois singulier les deux formes précédentes. Le sujet nous contraint le plus souvent à fonctionner dans ce registre où l’aspect structuré se dessine en base de sécurité pour qu’adviennent les associations libres et les élaborations plastiques et/ou verbales. Nous sommes là à une croisée thérapeutique complexe mêlant de façon indistincte des formations appartenant à des niveaux différents de la structuration psychique. Le mélange des genres et des pratiques induit une dynamique fertile conduisant chacun à mettre sur le métier sa clinique, ses incertitudes et ses projets…
III – POUR CONCLURE: UNE NOUVELLE CONCURRENCE…
L’art – thérapie n’en finit pas de s’essayer à trouver une identité que viennent maintenent disputer d’autres spécialistes, notamment les artistes. A l’instar des art-thérapeutes, ces derniers ont édifié des pratiques (Ars as Healing, Art in Healthcare, arts Medicine, etc.) et groupements professionnels (Arts and Healing Network, International arts Medicine Association, Society for the Arts in Healthcare, etc.) ad hoc figurant en bonne place sur Internet et dans nombre de revues (Malchiodi, 1998).
Ce phénomène qui touche pour l’instant assez peu l’Europe Continentale pose implicitement la question de :
– la validité même du concept d’art – thérapie et de son identité professionnelle,
– la place de l’artiste et de l’art dans le champ du soin,
– l’attente des soignants qui sollicitent un praticien versant socio-culturel plutôt qu’un autre versant soin-processus de changements,
In fine, tout cela ne revient-il pas à disposer d’un courant où l’art est premier et d’un autre où la thérapie domine ? Confessons que les formations en art – thérapie ne sont pas toutes friandes d’artistes … Par ailleurs, beaucoup souhaitent exercer leur métier dans des lieux de soins sans aliéner leur identité première et revêtir la toge de thérapeute !
Par delà toute polémique, il transparaît que cette situation résulte :
– d’une part du processus art-thérapique lui-même dans le sens où il convoque simultanément des processus relationnels, médiationnels et créatifs. Cette synthèse conduit inévitablement à des phagocytoses outrancières et donc à des mouvements actés,
– d’autre part d’une confusion entre ce qu’est “la psychothérapie spécifique ou systématisée” et “la psychothérapie intégrative”.
BIBLIOGRAPHIE
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[1] Réunissant quelques 5000 œuvres de près de 450 internés en majorité schizophrènes et issus de toute l’Europe, cet ouvrage introduit en France par les Surréalistes ne connaîtra qu’un succès restreint. Malgré les assauts répétés de Gaston ferdière, dès les années 40, il ne fut traduit en Français (Editions Gallimard) qu’en 1984.
[2] Ce courant est actuellement bien implanté aux U.S.A.
[3] Comparativement dans d’autres lieux d’enfermement comme les prisons, il faudra attendre la décennie 80 pour voir un tel mouvement s’amorcer
[4] Comme aux U.S.A., les arts-thérapeutes anglais se confrontèrent dans l’accession à leur identité à clairement différencier le rôle des enseignants d’arts et le leur.
[5] Nombre d’autres pays européens (Suisse, Italie, Allemagne, Grèce, Lithuanie, Hongrie, …) ont accueilli le concept d’art-thérapie dans son acception anglo-saxone avec beaucoup moins de réserves. Il est vrai qu’en France, le mot “Art” englobe autant la médiation utilisée, la production, l’activité … que le processus alors que pour les pays d’Amérique du Nord par exemple, il s’agit essentiellement des Beaux Arts et du processus de création. La traduction littérale est donc porteuse d’équivoque.
*Jean-Luc SUDRES, Maître de Conférences en Psychologie, Docteur en Psychopathologie, Secrétaire Général de la Société Internationale de Psychopathologie de l’Expression et d’Art-thérapie (sipearther@aol.com), UFR de Psychologie, Université Toulouse le Mirail, 5 allées Antonio Machado, 31058 Toulouse Cedex (France).